Catherine Vacher-Vitasse est directrice du CLAP (Consultation et Lieu d’Accueil Psychanalytique) « L’enfant qui vient» pour les  futurs parents, pour les jeunes enfants (0 à 6 ans) et leurs  parents.

Cette nouvelle unité du CPCT Aquitaine, qui a vu le jour en avril 2012, répond, par son dispositif inédit et par les effets rapides constatés, aux malaises contemporains dont la petite enfance n’est pas  épargnée.

– Pourriez-vous nous donner un aperçu de  votre expérience dans cet abord psychanalytique des tout petits et de leur  entourage familial ?

Nous rencontrons au CLAP une grande variété de situations cliniques où un couple, une maman seule, un papa, viennent avec leur enfant pour nous demander de les soulager de leur malaise.

Nous recherchons comment dans chaque situation les manifestations propres à l’enfant résonnent avec les symptômes des parents.

Difficulté à se séparer, exigence de perfection des parents engendrant à la fois burn-out de leur côté et colère, voire détresse pour l’enfant, ou bien démission radicale, surdité face au problème de l’enfant, sont des exemples des nouvelles formes du malaise contemporain.

Ainsi colères et difficultés d’endormissement conduisent-elles Adrien, deux ans, et ses parents au CLAP. Ces préoccupations initiales se doublent d’une angoisse de la mère par rapport aux difficultés d’alimentation de l’enfant – fréquemment rencontrées également – et d’une angoisse du père qui a peur de lui transmettre la maladie dont il est atteint.

Ce petit garçon avait vécu quelques mois auparavant un épisode aigu de douleurs abdominales pour lesquelles il avait été hospitalisé. Il rejouera alors au CLAP cet épisode, nommant « bébé-ouille » le poupon qui lui aussi a mal au ventre. Entretiens avec les parents, jeux et écoute de l’enfant. Les parents entendront leurs points d’angoisse dans lesquels le symptôme de l’enfant est pris et pourront s’en détacher. L’enfant sera soulagé, retrouvera le sommeil seulement perturbé par quelques réveils nocturnes. Il pourra dire après des jeux signifiants avec les objets du monde qui l’entourent et où il introduit du manque : « éparé bidou » , montrant le ventre d’un bonhomme Playmobil, qui vient résonner avec le « bébé-ouille » du premier entretien. Il nous dira alors « auvoir ».

Certains nouages se desserrent ainsi grâce à l’écoute et aux interventions des consultantes, parfois des malaises plus sévères observés chez l’enfant nous conduisent à l’orienter dans un lieu d’accueil institutionnel.