Paul Gil a été présent dès le début de l’expérience du CPCT. Consultant de la première heure, il a aussi largement participé aux rencontres avec des élus, des MDSI, des collèges, et autres partenaires  pour faire connaître l’action de cette institution naissante.

À l’occasion de notre 10ème Journée du CPCT Aquitaine, nous lui avons posé quelques questions.

– Paul à l’occasion de la 10ème Journée du CPCT Aquitaine, nous avons souhaité te poser quelques questions. Tu as contribué à l’ouverture du CPCT Rive droite pour les adolescents en 2007. Peux – tu nous dire en quelques mots ce qu’a été pour toi cette création ?

La création du CPCT Aquitaine en 2007 faisait suite à celle du CPCT parisien, en 2003 me semble-t-il. Dans ces années-là, sous l’impulsion de Jacques-Alain Miller, nos échanges bruissaient de la question de la place du psychanalyste dans la cité, qu’il s’agissait de sortir de son cabinet et de sa sacro sainte extraterritorialité… Paraissait le livre intitulé :  Qui sont vos psychanalystes ? 

Je me suis trouvé prendre part à la réunion de l’École qui a voté pour l’ouverture du CPCT parisien .

Pour le coup, et pour une fois, j’ai eu l’impression de prendre part à un moment historique, tant la question, souvent évoquée, jamais aboutie, d’un « institut de psychanalyse » a hanté l’histoire de celle-ci. Depuis les questions de Freud dans « Les voies nouvelles de la thérapeutique psychanalytique », la perspective de répondre « à l’immense misère névrotique répandue sur la terre » (cf. La technique psychanalytique, PUF, 1970, p.140) restait à l’horizon de la pratique. La psychanalyse accessible à tous, qui n’y serait pas sensible ?

J’avais alors beaucoup de bonnes intentions… et quand le CPCT de Cenon a ouvert, c’est avec joie que j’ai accepté d’y participer.

J’ai accepté de présenter ce nouveau Centre Psychanalytique de Consultations et de Traitement à la plupart des maires des communes de la rive droite, comme un ambassadeur d’une nouvelle offre de la psychanalyse.

On l’entend, j’étais enthousiaste.

– Que retiens-tu de ces 10 ans d’expérience au CPCT, toi qui continues à y être présent?

 Les consultations, vite nombreuses, ont permis la rencontre, inattendue, parfois surprenante, avec une génération qui n’avait guère entendu parler de psychanalyse.

J’ai appris à entendre les ados du début du 21ème siècle, avec leurs objets, souvent techno, leur parler, leur style.

J’ai aussi appris à m’adresser à eux, sinon à leur parler.

Le cartel, dispositif de travail où s’analysait et s ‘élaborait le cas avec Philippe La Sagna et Philippe Lacadée a été passionnant et éclairant !

Je me souviens de cette remarque, répétée, « Alors qu’est-ce qu’on lui dit ?! » qui surprenait et orientait le travail déjà vif, du fait de la durée limitée et déterminée du traitement. Nous réalisions ce « lieu de réponse » que souligne Jacques-Alain Miller. Pas le temps de tergiverser. De la psychanalyse en acte !

– Peux-tu nous livrer une anecdote qui a été marquante pour toi ?

 Parmi les surprises entendues et reçues, il y a eu cette jeune fille adressée par un psychiatre des hôpitaux, auquel elle avait appris qu’elle  « avait droit à 16 séances gratuites de psychanalyse au CPCT » ! J’ai mesuré qu’on avait donc créé un « droit » nouveau pour le citoyen ! En quelque sorte un droit au « secours psychique », comme l’envisageait Freud en 1918 .

Formidable !

– Que souhaiterais-tu transmettre de cette expérience ?

Le CPCT a un effet et même une efficace, et ceci d’autant plus si le sujet accueilli y met un peu du sien. Si le dispositif du CPCT est une offre pour tous, l’effet tient au chacun qui s’y colle !

Pour autant, que la parole puisse être un mode de traitement du symptôme et du malaise est bien le signe que la psychanalyse a réussi à imprimer au cœur de la cité au début du 21ème siècle !

C’est toujours une pratique vive et joyeuse, et j’en reste étonné et enthousiaste.

C’est ce que j’espère parvenir à transmettre aujourd’hui, notamment auprès des consultants de l’antenne de Libourne dont je m’occupe avec Françoise Kovache.