Avec Alexandre Stevens, psychanalyste en Belgique

Argument :

Aujourd’hui, les « émotions » ont envahi la langue et s’insinuent jusque dans nos smartphones où les émoticônes imagent les échanges écrits. L’expression des émotions : joie, tristesse, colère, stupeur, appréhension viserait bien-être et lâcher-prise. Certaines pratiques contemporaines consistent à apprendre à tout un chacun, dès le plus jeune âge, à « gérer » ses émotions avec un mode d’emploi pour atteindre le contrôle de soi, vers une « santé émotionnelle ».

Les sujets qui poussent la porte du CPCT témoignent d’un « mal-être émotionnel » : « ça m’angoisse », « je pète les plombs », « mon cerveau explose », « je suis dans le mood », ou encore « Flemme » … plaintes nouées à un cortège d’effets sur le corps.

Quel usage chacun fait-il des étiquettes prélevées dans le discours contemporain : angoisse, stress, phobie sociale, hypersensibilité, empêchement, burn-out ? Quelle valeur ce terme d’émotion peut-il prendre et quelle en serait la place dans la subjectivité de chacun ?

Si le sujet est le siège d’émotions, si celles-ci sont bien le véhicule de sa demande et font signe d’une souffrance, font-elles pour autant symptôme ? Comment trouver un mode de réponse ?

L’enjeu au CPCT est de mettre au travail ce qui ne se sait pas encore mais cherche à se dire. Qu’un savoir insu puisse surgir. C’est le pari d’une parole vivante où se distinguent, se détachent les signifiants qui font point d’appui et orientent un sujet. À chacun de préciser, au-delà de l’émotion, l’affect qui l’étreint et d’« aérer l’affect avec des mots »[1] afin ouvrir une autre voie que celle du pour tous.

Nous déploierons cette perspective avec les praticiens du CPCT et en présence de notre invité, Alexandre Stevens, pour inaugurer une série : celle des nouveaux rendez-vous du CPCT.


[1] Lacan J, « Propos sur l’hystérie », Quarto n°90, 2007, p.9.